Les Maires se demandent à quoi bon les JO 2024 de Paris : découvrez l’intégralité de ma nouvelle chronique publiée dans le Huffington Post à l’adresse suivante : http://www.huffingtonpost.fr/francois-pelletant/maires-jo-2024-paris_b_12312012.html
Au regard des récentes affaires “fermeture de la voie sur berges”, “ZCR”, “transfert des immigrés de Paris en banlieue”…, les Franciliens, et plus généralement les Français, sont très timorés à l’idée que Paris accueille les JO en 2024.
La campagne de com “Gagnons Ensemble – Tous avec #Paris2024” vise à mobiliser et faire avaler la couleuvre aux Français d’en bas, ceux qui paieront pour la gloire d’une capitale renfermée sur elle-même, privilégiant ses résidents au détriment des extra-muros, présomptueuse des prérogatives données par l’actuelle législature, sûre de ses soutiens dans les plus hautes sphères de l’Etat, arrogante de ses richesses et de ses privilèges, dédaigneuse du résultat des enquête publiques, orgueilleuse de sa supériorité.
Peut-on imaginer que des affiches placardées aux quatre coins du pays vont suffire à faire oublier les affronts de la semaine précédente.
Oublier la standing ovation du Conseil de Paris après le vote de l’interdiction de la voie sur berges, pendant que dehors, au pied de l’Hôtel de Ville, les banlieusards étouffaient dans les bouchons des quais hauts.
Oublier que Place de Grève on délibérait sur l’opportunité d’ouvrir un espace de nudistes le jour où tout le reste de la nation apprenait les nouveaux chiffres catastrophiques du chômage.
Oublier le coup de pub des moutons chargés de tondre les abords du périphérique lancé la veille de la diffusion d’un reportage sur TF1 rappelant la situation dramatique des SDF qui vivent précisément dans les espaces délaissés du boulevard qui sépare la capitale du reste du monde.
Au sein de l’Association des Maires Franciliens, certains se posent la question de se jeter corps et âme dans cette nouvelle gloriole qui profitera toujours aux mêmes.
On connaît tous les arguments favorables à cette candidature, distillés depuis des mois comme une petite musique, au point que personne de la classe politique n’ose porter la controverse (exception faite du PDG) mais on connaît moins les contre-arguments dont je vous livre quelques-uns ci-dessous, entendus dans nos échanges entre élus municipaux et Maires.
Le moins que l’on puisse dire c’est que « les Jeux Olympiques c’est pas automatique », et notre association va organiser sous peu une consultation de l’ensemble des Maires et au-delà, de leur population, pour déterminer si réellement il y a un élan national pour les JO d’Hidalgo.
Les critiques que l’on entend le plus souvent sont les suivantes:
Coût exorbitant
Le coût de l’organisation des Jeux Olympiques est estimé à un coût minimum de 6 milliards d’euros. Coût qui sera sans nul doute largement dépassé comme lors des précédentes éditions. Par exemple à Londres, en 2012, la facture initialement estimée à 5 milliards d’euros a ainsi été multipliée par deux et à Athènes, en 2004, on a triplé le montant. Comment ce projet sera financé? Par des coupes budgétaires dans les écoles ou les hôpitaux?
Les entreprises de construction profitant de l’aubaine pour monter les prix, une inflation globale est à prévoir en France, touchant aussi bien les entreprises, les collectivités que les particuliers.
Par ailleurs, les retombées financières ne compenseront pas les dépenses. Durant les JO 2012, le centre de Londres a ainsi été victime d’une baisse d’activités, si bien que les gains générés autour des sites olympiques n’ont pas compensé les pertes provenant des autres sites touristiques. Ce n’est pas le cas par exemple pour les Expositions Universelles qui ont, à l’inverse, un impact nettement supérieur en termes de tourisme, de diversité d’activités et plus de visiteurs ayant un intérêt à consommer.
Logique de sport-business
Les Français et la majorité des sportifs sont nombreux à défendre le sport pour tous et populaire face au sport-business. Les JO, pourtant censés promouvoir l’amateurisme sportif sont devenus, au fil des éditions, au travers des sponsors, des lobbies agro-alimentaires, industriels et financiers les promoteurs d’intérêts particuliers au lieu de porter des valeurs universelles chères à Coubertin. Il suffit pour cela de voir les tribunes souvent vides lors des JO au Brésil alors que les écrans TV autour de la planète regorgeaient de pubs pour les sodas, marques de sports très sélect et autres valeurs qui gangrènent le monde contemporain.
Impact écologique
La construction de nouvelles infrastructures sportives, du village olympique ainsi que des complexes touristiques aura un impact négatif sur l’écosystème francilien (pollutions, destructions, bétonnage massif). Alors que l’on gagne quelques indices minuscules de pollution en moins en interdisant la capitale aux extra-muros, on va anéantir ce modeste gain pour plusieurs générations.
Passé crapuleux
Depuis une dizaine d’années, les affaires judiciaires et les scandales de corruption qui impliquent directement de nombreux hiérarques des institutions sportives internationales et nationales se succèdent. A une époque où la France s’est engagée dans une Saint Barthélemy interne de la corruption, aboutissant à un sentiment national du “tous pourris” sans aucun précédent, le soutien à un système aussi décrié viendrait faire s’effondrer le peu d’illusions qu’il peut rester chez nos compatriotes.
Lieu
Tous les événements importants sont concentrés à Paris, les contribuables de toute la France ne veulent plus payer pour le plaisir de certains parisiens.
Difficile de cumuler JO 2024 + EXPO 2025
Il vaut mieux défendre l’Expo 2025 car si les JO sont attribués à Paris en 2024, l’Expo sera faite ailleurs ou n’aura plus l’impact escompté. “Qui trop embrasse mal étreint”, il faut mieux se désengager des JO 2024 pour mieux obtenir l’EXPO 2025.
Laisser un commentaire