Le Maire aux mains vertes

Certes, mon avenir n’est pas derrière moi et je n’ai pas besoin de rappeler sans cesse à tous, en radotant les mêmes vieilles recettes, que je ne suis pas mort . Mais il est vrai que la mémoire est une des meilleures fondations de l’avenir et que j’ai dans ce domaine quelques petites choses à partager.

Je décide donc d’ouvrir sur ce blog la rubrique “le journal du vieux con” dans laquelle, régulièrement, je m’emploierai à rappeler quelques belles histoires de notre vie politique locale.

Pour ce premier article, je vais vous parler d’une histoire incroyable dite du “Maire aux Mains vertes”. J’ai quelques failles dans ma mémoire, mais il y aura sûrement parmi vous quelques bonnes âmes qui pourront m’aider à les combler. A moins que le Maire de Janvry, qui est bien plus âgé que moi et bien plus ancien à la tête de son village de 5 habitants, puisse contribuer à l’exactitude des faits ci-dessous relatés :

Un maire d’un minuscule village de l’Essonne avait trouvé une bonne combine pour faire rénover sa maison, ou plutôt sa ferme. Il avait domicilié chez lui, une association du nom de « les mains rouges » ou « les mains bleues » ou un nom comme cela. Cette association avait obtenu une subvention du Conseil Général pour effectuer la restauration de ses locaux en débordant quelque peu sur les espaces non exclusivement réservés à son usage. Comme le Maire était également Conseiller Général, le Parquet d’Evry et la presse s’étaient intéressés à cette « opération » immobilière. 

Mais contrairement à d’autres élus qui rénovent des logements insalubres ou vacants pour les louer à des conditions sociales,  jamais cette affaire n’a été dénoncée dans la presse. A part dans le journal « Le Républicain » qui, à l’époque, n’était pas aux mains d’un Sénateur. « Le Parisien » avait, quant à lui, abordé ce délicat dossier, mais sous un angle moins… disons sous un angle habituel. Il faut dire que le Maire était blanc comme la neige qui sort des canons de Janvry pour le marché de Noël. La preuve, à la même période, il avait été récompensé d’une décoration prestigieuse, la Légion d’Honneur remise en main propre (sans jeu de mot) par le Président du Conseil Constitutionnel.

Une Légion d’Honneur ! remise au bon moment par le troisième personnage de l’Etat, voilà qui anéantit toute suspicion et rend inutiles toutes enquêtes et investigations journalistiques ou judiciaires.  

Bon,  je sais,  je me dois de tout vous dire, il n’y a pas pire qu’une mémoire sélective. Si je me souviens bien, je crois que le frère du Maire “légionnaire d’honneur” était aussi le Secrétaire Général du Conseil Constitutionnel, c’est-à-dire le plus haut fonctionnaire de cette institution.

C’est donc de là que vient le proverbe bien connu dans nos contrées essonniennes : “Mieux vaut un bonne Légion d’Honneur qu’un mauvais procès”.

Moralité : Quand on voit de quoi j’ai écopé pour la livraison à une association d’un chargement de bois d’une valeur de 200 euros (chose que je conteste et pour laquelle j’ai fait appel), on imagine ce que notre Maire au ruban rouge et aux mains vertes aurait obtenu si cette affaire avait été jugée au TGI de Créteil.

Je vous prépare deux ou trois autres articles pour bientôt :

 – la lettre anonyme qui dénonçait la pédophilie du suppléant de Pierre-André Wiltzer aux élections législatives ;

– la R 25 du Conseil Général de l’Essonne ;

– les entrelacs du shoettlrisien ; 

– …

PS : à propos, devinez à qui appartient la photo de moi publiée sur le blog du Maire de Janvry dont je vous parlais au début ?