En pleine affaire Fillon, ce qui se passe dans ma mairie tourne au ridicule

the-huffington-post-150x84@2xDepuis un mois et demi, mon téléphone d’astreinte de la Mairie, qui sert à me contacter en cas d’urgence, est en panne.

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Depuis un mois et demi, mon téléphone d’astreinte de la Mairie, qui sert à me contacter en cas d’urgence, est en panne.

Nous ne pouvons pas le faire réparer car nous attendons une carte bleue délivrée par le Ministère des Finances. Les délais sont deux, trois, quatre fois plus longs que dans une banque normale. Les urgences attendront!

L’Etat est une sorte de tuteur des collectivités. Il a pour rôle de payer et encaisser leurs dépenses et leurs recettes. Il contrôle ainsi tout mouvement financier local. Cette procédure qui astreint les communes à faire passer le moindre centime dépensé d’argent public entre les fourches caudines du Ministère des Finances et de ses perceptions, est bien pénalisante pour les petites dépenses quotidiennes et bien plus coûteux que si les communes disposaient d’un compte bancaire et pouvaient payer elles-mêmes leurs dépenses. Mais sa raison d’être est un principe de comptabilité publique, une garantie indiscutable contre les dérives, qui consiste à ne laisser aucune liquidité entre les mains des élus.

Chacun voit l’intérêt de cette séparation entre celui qui décide d’engager une dépense et celui qui la contrôle et la paie. A tel point que ce principe a traversé les âges et il est un des fondements anticorruption des démocraties modernes.

Alors comment peut-on envisager qu’en France aujourd’hui, le groupe “Union des Républicains du Sénat ” (URS) ait pu manipuler des espèces, pour des montants de plusieurs centaines de milliers d’euros, afin de payer des dépenses qui ont échappé au contrôle radar des institutions de vérification ?

Si on en croit les fuites de l’enquête, le juge Cros soupçonne une comptabilité opaque au sein du groupe URS (UMP). Les faits semblent admis par tous même si à ce stade le conditionnel s’impose. Le débat du moment se perd en conjectures sur la destination de ces fonds qui ont circulé en espèces pour des sommes qui donnent le vertige 300 000 euros ici, 1,2 million là. On nous explique que cela sert à des missions à l’étranger, à payer des collaborateurs, des frais …que sais-je!

Toutes ces explications ne sont pas acceptables car comme je l’ai rappelé en préalable la règle de toutes comptabilité publique est simple “PAS D’ARGENT LIQUIDE ENTRE LES MAINS DES ELUS ET DES FONCTIONNAIRES”. Même les “fonds spéciaux” ont été réglementés en 2002.

C’est le B-A-BA connu par tous les responsables publics. Le moindre conseiller municipal, le moindre président d’association sait cela et le respecte. Si ces soupçons étaient confirmés ce serait aberrant; il faut une sacrée dose d’inconscience ou de sentiment d’intouchabilité pour que, dans une institution aussi respectable que le Sénat, on se livre à de telles magouilles pendant plusieurs années. Ceci a quelque chose d’aussi immoral que des prêtres-pédophiles ou des médecins-empoisonneurs car c’est une grave trahison de la confiance légitime que l’on place dans nos référents.

Faut-il s’habituer aux vices des puissances, telle les anciens romains avec leurs dieux immoraux ? Cela ne va pas dans le sens du progrès. La lente maturation des civilisations devrait s’accompagner d’un abandon des mauvais réflexes de la convoitise et la tricherie pour valoriser plutôt l’abnégation.

Il faut bien comprendre ce que ressent la population au regard de toute cette actualité. Sa déception est double et sa raison est écrasée entre les deux mors d’un étau:

– D’un côté la trahison de ceux qui ont fauté, surtout lorsqu’ils se sont revendiqués de la plus parfaite probité. Cela explique pourquoi les Français jugent bien plus grave le cas de François Fillon que celui de Marine Le Pen qui n’a jamais prétendu incarner l’exemplarité.

– D’un autre côté ils ont bien compris que toutes ces révélations n’ont rien à voir avec un grand déballage ou une opération “mains propres”, mais qu’elles sont purement de circonstance, surement dictées par les besoins des élections. Ils ont la conviction que le “système” est bien plus généralement touché. Ce sentiment est conforté par le constat, depuis plusieurs années, d’une dureté de la justice en direction des petits responsables publics mis en cause pour des choses futiles alors que, dans le même temps, les puissants se gavaient en silence.

Cela ne va pas aboutir à l’affaiblissement de la droite mais plutôt au rejet de tout ce monde de copains, cette organisation clanique de la République où le jeu politique consiste à attirer le regard sur les autres, pour mieux continuer à profiter du système en attendant l’élection suivante.

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