Invasion de moustiques en Essonne
L’Essonne est attaqué par les moustiques – découvrez ma nouvelle chronique à se sujet sur le site du Huffington Post – découvrez le texte dans son intégralité à la page http://www.huffingtonpost.fr/francois-pelletant/moustiques-attack-_b_10728124.html
La Secrétaire d’État auprès de la Ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, chargée des Relations internationales sur le climat, Barbara Pompili vient de se rendre sur nos terres essonniennes pour distribuer des félicitations sur la gestion de la crue dans la vallée d’un affluent de la Seine, l’Orge. On saisit mal l’intérêt, pour une secrétaire d’État inconnue du grand public de mettre sur un piédestal un Syndicat de rivières, le SIVOA, au motif que lui aurait su gérer les crues. Les 3100 syndicats de gestion de l’eau de France apprécieront.
Ah ces écolos! Toujours en décalage avec la vraie vie, à vivre reclus dans leurs appartements parisiens, sans télé ni radio nucléaire, on finit par passer à côté de ce que la France entière a vu et retenu et par envoyer aux oubliettes les sinistrés de Juvisy-sur-Orge, Athis Mons (pourtant couvert par le SIVOA) qui, il y a un mois, faisaient verser sa petit larme au Gouvernement. Par ailleurs, le SIVOA fait partie de ces structures qui, quoi qu’en disent les médias, n’ont pas été à la hauteur de l’événement, ni sur le moment, ni en matière de prévention des risques. Devons-nous rappeler les nombreuses approximations? Des remarques et critiques ont été remontées par les habitants du fond de vallée et exprimées le 23 juin lors d’une réunion spéciale du conseil syndical.
Entre les sous-sols inondés volontairement, utilisés comme bassin de rétention, les digues déjà trop fragilisées et n’ayant pas fait l’objet d’un quelconque investissement, il a été très difficile de contenir la population qui en voulait et en veut encore à ce syndicat. Aussi rappelons que la communication entre les services municipaux et le syndicat a été inexistante, les communes devant aller à la pêche aux informations et dans certains cas, cela a eu des conséquences catastrophiques. Encore, si certains de nos concitoyens ont été inondés c’est une nouvelle fois la faute d’un entretien des réseaux quasi nul. Le refoulement des eaux usées a fait que l’eau n’a pu s’écouler et les inondations ont duré plus longtemps que prévu.
Il serait bon que Mme Pompili manie un peu la raclette avec ceux qui, au lendemain du déluge, avaient tout perdu ou qu’elle vienne la nuit goûter du moustique consécutif aux crues. L’équipe de football de la sélection du Portugal en résidence dans la vallée, à Marcoussis-Linas, pendant l’Euro2016, pourrait en parler. Si Mme Pompili était Ministre des affaires étrangères, nous aurions une crise diplomatique sur les bras avec le Portugal au sujet de ces petites bestioles françaises, qui viennent la nuit agacer Ronaldo et ses coéquipiers.
Car voyez-vous, l’équation n’a rien de scientifique: pluie + beau temps = moustiques, c’est une question de bon sens paysan, un mécanisme naturel qui existe depuis que le monde est monde. Les communes de France, et particulièrement celles où la pluviométrie a été soutenue ces dernières semaines, commencent donc à être infestées de moustiques. La plupart des collectivités savent réagir, il ne faut pas faire dans la demi-mesure et mobiliser des brigades chargées de traiter les zones humides et tous les lieux où l’on trouve des eaux stagnantes (marais mais aussi bois, espaces en herbe…etc). C’est à ce prix que l’on peut espérer enrayer le phénomène. La population, de son côté, doit aussi se mobiliser en faisant disparaître toute flaque ou réservoirs d’eau à ciel ouvert, mais cela ne peut pas tout faire.
Or, si certaines collectivités ont pris les choses au sérieux, d’autres sont visiblement dépassées par le phénomène. Je le constate pour ma commune de Linas où le bal communal annuel de ce samedi a dû être abrégé du fait de l’arrivée, vers 23h, de nuages de moustiques qui s’étaient invités à la fête. Chez nous, c’est bien sur le SIVOA, cher à Mme Pompili, qui est chargé du problème, mais il n’a visiblement pas pris la juste mesure du risque. A sa décharge, la gestion calamiteuse des inondations de juin l’a complètement tétanisé dans les semaines qui ont suivi.
Quelques zones, choisies entre soi, ont été modestement traitées. De ce fait, l’invasion a proliféré et les habitants de tout l’amont de la vallée sont sous les piqûres et sur les nerfs. Le feu d’artifice du 14 juillet s’annonce désastreux ; des quantités impressionnantes de répulsif sont en commande pour traiter les enfants et les spectateurs. Qui va payer? les communes! Car une fois de plus, ce sont elles qui vont pallier les défaillances, mais pour un coût d’argent public bien supérieur à ce qu’il aurait été si les choses avaient été correctement prises en charge au bon moment.
On peut déplorer également que l’Etat et notamment ses Agences Régionales de Santé, dont le zèle semble inversement proportionnel aux enjeux de santé publique, ne se soit pas saisi du problème. A l’instar du SIVOA que je prenais en exemple plus haut, on doit considérer dans ces bureaux climatisés qu’un moustique ça pique, on se gratte et ça passe. Malheureusement, la mondialisation a fait que les moustiques qui fréquentent notre territoire sont de plus en plus dangereux. Entre les mutations génétiques et l’arrivée de nouvelles espèces, nous voilà face à des risques épidémiologiques nationaux.
L’actualité nous en fait régulièrement l’écho: Zika, Chikungunya, paludisme, fièvre jaune… Voilà à quoi la France court si des mesures ne sont pas prises très prochainement par les différents acteurs concernés. L’Etat, les Collectivités Locales, nombreuses sont les structures devant agir. La prévention de cette invasion de moustiques était prévisible ; l’Etat aurait dû lancer une sensibilisation à destination des services techniques des différentes communes et financer le matériel adéquat. Or nous n’y sommes pas et n’ayant pas prévenu, nous devons guérir.
A ce stade l’association des Maires Franciliens se permet de rappeler deux mesures primordiales: l’élimination des eaux stagnantes et l’utilisation de bacille de Thuringe. Cela permettra d’atténuer la prolifération.
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