Le colonialisme humanitaire de la Mairie de Paris

the-huffington-post-150x84@2x“Le colonialisme humanitaire de la Mairie de Paris” est l’intitulé de ma nouvelle chronique publiée sur le site du Huffington Post – découvrez mon billet en intégralité à l’adresse suivante : http://www.huffingtonpost.fr/francois-pelletant/le-colonialisme-humanitaire-de-la-mairie-de-paris_b_11970720.html

Allez savoir pourquoi le centre d’accueil des migrants, promis au printemps par Madame La Maire de Paris, et qui n’ouvrira dans le 18ème arrondissement que mi-octobre, a fait l’objet d’une annonce médiatisée en ce 6 septembre 2016.

La veille, le pays apprenait la non-réouverture de la voie Georges Pompidou suite à Paris-Plage, en anticipation de sa fermeture définitive, sans attendre l’issue du vote du Conseil de Paris sur le sujet, le 26 septembre.

Intitulée “Création d’un camp de réfugiés à Paris” l’opération de “com” nous a rappelé comment la municipalité parisienne prenait sa part à la résolution des grands problèmes de notre époque.

Mais derrière ce slogan qui couvrait le pupitre de Madame le Maire de Paris, il y a une réalité qui, comme c’est souvent le cas, n’est pas celle que l’on aimerait nous faire croire.

Personne ne se demande pourquoi Paris serait la seule ville d’Europe où la Municipalité accueillerait à bras ouverts toute la misère du monde, si difficile à gérer ailleurs? “Pour une question d’image” répondront les langues de vipère. “Par conviction désintéressée” répondront les “bobo parisiens”, si heureux de poursuivre leur petite vie en toute tranquillité en bonne conscience.

Personne n’osera soupçonner Anne Hidalgo de préparer sa candidature à la mairie de Calais en montrant que: “elle, les migrants, elle sait les gérer”.

La réalité est que Paris n’a aucun mérite à se glorifier de régler, d’un claquement de doigt, des problèmes aussi insolubles lorsque la solution consiste, en réalité, à les transférer chez les autres.

Le camp de migrants que Paris ouvre “à Paris” sera de 400 places alors que le flux est en moyenne de 50 nouveaux migrants par jour qui rejoignent la capitale. Dans le même temps, Paris ouvrira en banlieue d’autres centres, Ivry-sur Seine (94), Forges-les-Bains (91)…

A titre indicatif, l’Etat a ouvert plus de 70 lieux d’hébergement ces derniers mois en Île-de-France, sans besoin d’utiliser le vocable “camp de réfugiés” pour se donner une image humanitaire ou humaniste.

Quand Paris transfère ses migrants chez les autres, la méthode est moins policée que celle que nous avons vue sous nos yeux en ce debut de mois de septembre. Pour prendre l’exemple de Forges-les-Bains, ce projet n’a pas été claironné dans les médias un mois et demi avant l’ouverture mais mis en place beaucoup plus discrètement, durant l’été, afin de prendre tout le monde par surprise.

En effet, à Forges-les-Bains, il est prévu d’ouvrir un centre d’accueil de migrants dès octobre. Cette petite ville tranquille de 3 700 habitants, qui jouxte le parc naturel régional de la haute vallée de Chevreuse, va ainsi subir ce que de nombreuses communes ont dû subir, et cela sans contrepartie.

La Mairie de Forges-les-Bains n’étant malheureusement pas décisionnaire de son sort. En effet, cette décision incombe à l’Etat et la Mairie de Paris, qui n’ont pris la peine d’informer le Maire que fin juillet. Madame le Maire a également dû attendre le 18 aout pour pouvoir obtenir les informations nécessaires à communiquer à ses habitants.

Cette politique colonialiste de la Mairie de Paris produit les mêmes effets que celle menée jadis par les pays riches occidentaux. Dans la nuit du 5 au 6 septembre un incendie criminel a anéanti le bâtiment appartenant à la ville de Paris à Forges-les-Bains, retardant d’autant l’ouverture du camp.

Bien sûr, pour le “Tout-Paris”, les Forgeois sont des égoïstes; mais imagine-t-on la réaction de ces Parisiens quand Madame le Maire de Forges-les-Bains décidera de construire ses 25% de logements sociaux à Paris, ainsi qu’une aire d’accueil des gens du voyage, et en même temps ses hébergements d’urgence, et pourquoi pas transférer ses services sociaux, et tous ces équipement peu populaires…

Les circuits courts humanitaires, qui consistent à régler les problèmes au plus près de là où ils se posent, n’ont pas encore effleuré les esprits parisiens et il faudra encore beaucoup de « pédagogie », notamment de la part d’élus de banlieue comme nous, pour que les mentalités changent.


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