Les migrants parisiens transférés à Forges-les-Bains, ou l’exemple à ne pas suivre

manifestation contre le transfert des migrants parisiens
crédit photo ASSOCIATED PRESS

Paris et les migrants

Souhaitons bonne chance aux services de l’Etat qui entreprennent, à cette heure, le démantèlement de la “jungle” de Calais. Dans l’intérêt de tous, on ne peut qu’espérer qu’ils auront tiré les enseignements des dernières pantalonnades de la Ville de Paris. Et ce afin de déplacer ses migrants en banlieue.

Pour le reste du monde, Paris est une cité progressiste et solidaire, dans la grande tradition française des Lumières. Paris qui ambitionne d’accueillir les JO 2024 puis l’Exposition Universelle de 2025, n’est pas aussi exemplaire qu’elle s’évertue à le faire croire.

Forges-les-Bains diffère de Paris

 

La face cachée de Paris, les “banlieusards” la connaissent bien. En effet ils vivent à l’ombre d’une capitale qui ne veut plus d’eux et qui lui transfère ce dont elle veut se débarrasser.

En ce moment, il suffit d’interroger les Forgeois, c’est-à-dire les habitants de Forges-les-Bains, petit village de l’Essonne. Une commune où  Paris déporte ses migrants trop visibles sur les trottoirs de Jaurès/Stalingrad, pour toucher du doigt cette fracture et pour découvrir la réalité de l’humanisme parisien.

Car à Forges-les-Bains, pas de semaine de la mode, pas d’expo Chtchoukine ou Beethoven, mais l’installation, dans un ancien centre de loisirs abandonné, de 44 migrants parisiens hommes, et bientôt le double (et peut-être 5 fois plus…), dans des conditions qui feraient pâlir de honte n’importe quel maire normalement constitué.

Ici, ce n’est pas Jean Nouvel qui a aménagé les bâtiments dans l’urgence entre juillet et août, mais des entreprises discrètes, entrant et sortant avec des véhicules banalisés, afin de ne pas alarmer les habitants du cru, qui ne devaient découvrir leurs nouveaux voisins que le plus tard possible.

Ici, ce n’est pas la Seine qui coule, mais des eaux brunes, à forte odeur d’urine, qui débordent du réseau d’aisance depuis que les 44 “misérables” sont arrivés, et qui se répand sous la grille d’entrée pour rejoindre les caniveaux du village.

Ici, pas d’opération “sentinelle” pour sécuriser la population. D’ailleurs même l’entreprise de gardiennage avait curieusement disparu les soirs où se sont déclarés une inondation et un incendie criminel.

Ici, on entasse des hommes alors que la commission de sécurité a jugé les locaux non conformes aux normes des établissements recevant du public.

Ici, les habitants inquiets sont considérés comme des “fachos” ou des “réacs”. D’ailleurs c’est bien connu, tout ce qui n’est pas d’accord avec la “Mairie de Paris” est réactionnaire.

Paris… Loin des magazines

Bref, ici c’est Paris, le vrai Paris, pas celui des magazines en papier glacé et des premiers prix décernés à l’autre bout du monde. Le Paris tellement peu fier de lui qu’il refuse tout dialogue avec les habitants. Le Paris se dissimulant en permanence derrière l’Etat ou Emmaüs, jouant la politique de la chaise vide pour la réunion publique d’information du 7 septembre et préférant, du début à la fin, les stratagèmes et la manipulation plutôt que la discussion, l’explication et la négociation.

Pour ne pas dire plus; car il semble bien qu’au centre de l’univers on se représente les banlieusards comme des “dégénérés”. Après avoir acquis le site à la commune de Forges-les-Bains pour l’euro symbolique, dans les années soixante, la Ville de Paris serait prête à le lui revendre, “en sens inverse”, pour deux millions d’euros; ça c’est Paris!

Cette façon d’agir aboutit à susciter l’hostilité des habitants plutôt que leur hospitalité et à plonger des réfugiés, déjà fragiles, dans un environnement où ont été entretenues, artificiellement, des tensions et des animosités.

Forges-les-bains un exemple

Il faut à présent remonter la pente. Heureusement que les Forgeois ne sont pas aussi réactionnaires qu’on ne le dit à Paris (le nouveau terme à la mode est “grincheux”). C’est eux qui ont dû se mobiliser pour l’accompagnement des réfugiés. Ils ont également proposer toutes sortes d’initiatives pour que ces “misérables” ne restent pas qu’une “patate chaude” passée de Paris à Forges-les Bains.

Dans quelques jours ou quelques heures, les 44 migrants seront rejoints par 47 autres. Ainsi la municipalité parisienne pourra s’enorgueillir d’avoir, cette fois encore, imposé à tous sa vision et sa volonté. Et ce au prix d’une méthode très peu glorieuse et d’un gâchis humain déconcertant.

Souhaitons que ceux qui partiront de Calais, dans les prochaines heures, ne soient pas traités de la sorte.

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