Emplois d’avenir: attention danger… – Pelletant

the-huffington-post-image-emplois d'avenirLes emplois d’avenir : danger ou opportunité ?

“Emplois d’avenir: attention danger…” est le titre de la nouvelle contribution au site du Huffington Post – découvrez l’intégralité du texte à l’adresse http://www.huffingtonpost.fr/francois-pelletant/emplois-davenir-_b_7651432.html

Il ne se passe pas un trimestre sans que les Préfets ne fassent leur prêchi-prêcha, envoient des mailings et relancent des acteurs locaux tous azimuts pour promouvoir les emplois d’avenir et inciter les associations à donner du travail aux jeunes de moins de 26 ans.

Le gouvernement, conscient de la crise dans la crise, vient une fois de plus de relancer la machine en débloquant des crédits pourtant si rares.

Beaucoup ont compris qu’il y avait, en la matière, une urgence grave et tentent, à leur niveau, d’accompagner le mouvement. La mobilisation semble amorcée… Mais l’Île-de-France semble ne pas avoir compris grand-chose à cette cause nationale.

Il faudrait en effet être bien téméraire pour se lancer dans l’aventure des emplois aidés, en particulier les emplois d’avenir destinés aux organismes à but non lucratif et ne pas craindre de finir fiché à la Banque de France ou au grand banditisme.

Fiché à la Banque de France tout d’abord, car le plus discrètement du monde, le Conseil Régional, présidé par le socialiste J.P. Huchon vient, cette année, de stopper son financement de soutien aux emplois d’avenir. Alors que le gouvernement abonde régulièrement ce seul dispositif qui permet d’éviter que l’emploi dévisse, la première région de France, elle, fait tout l’inverse. Auparavant le Conseil Régional apportait un financement complémentaire à celui de l’Etat de 20% pour les emplois d’avenir recrutés en CDI dans une association.

Une administration défaillante

Le monde du bénévolat connaissait le dispositif qui avait été mis en place à grand renfort de publicité. Mais depuis cette année, ceux qui s’engagent dans un recrutement se trouvent bien dépourvus lorsque, venu le temps des comptes, il manque 20% dans les aides versées. Lorsque l’on interroge les services de la région, tout le monde regarde ses chaussures espérant faire le moins de vagues possibles en cette année d’élections sensibles.

Fiché au grand banditisme ensuite, car dans certains départements, recruter des jeunes c’est suspect aux yeux des services de l’Inspection du Travail (Direcct). Placée sous la responsabilité du Préfet de région, cette administration s’est mis en tête de chasser les associations qui se risquent dans l’aventure. Les associations sont triés, sur la base de critères secrets, les bonnes et les moins bonnes. Par conséquent, ils  établissent une sorte de “black liste” sans aucune autre forme de procès en sorcellerie.

Dans le Val-de-Marne, la dernière trouvaille de ces fonctionnaires, dont la mission est de veiller au bon respect du droit du travail, est de dénoncer les associations qui auraient la mauvaise idée de ne pas vivre d’amour et d’eau fraîche et qui tireraient leurs ressources de la vente de produits divers et variés. Ces associations, c’est-à-dire la quasi-totalité, n’en seraient pas car elles font du commerce.

Commerce: quelle horreur! On imagine bien comment fonctionnerait Emmaüs sans vente de mobilier d’occasion ou les amicales de sapeurs-pompiers sans la vente de calendriers. Le plus époustouflant c’est que ce petit monde qui fait la conjoncture de l’emploi dans la première région de France, arrive à faire prospérer ses théories au point de faire passer les bénévoles associatifs pour des escrocs aux yeux de la justice.

Un monde en crise

Beaucoup pensaient depuis 1901 qu’une association était à but non lucratif lorsqu’elle ne redistribuait pas de bénéfices à ses membres. Néanmoins pour servir son but non lucratif une association pouvait vendre des biens ou des services afin de récolter des subsides. Même Bercy considérait qu’une activité à 100% lucrative était possible pour un organisme à but non lucratif dès lors qu’il se pliait aux mêmes règles fiscales qu’une société. Mais cette vision n’est pas celle des administrations en Île-de-France.

Le monde des associations est déjà en crise de vocations. Les financements se réduisent comme peau de chagrin depuis que les collectivités locales sont contraintes de réduire leurs subventions pour compenser les ponctions de l’Etat. Les dirigeants associatifs, qui n’ont pas encore rendu leur tablier, doivent aimer les ennuis s’ils envisagent de recruter des emplois d’avenir.

Les communes ont déjà levé le pied, les entreprises n’y croient pas; maintenant les associations vont fuir le dispositif… Et les jeunes attendront d’être vieux.


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