Les Français personæ non gratæ à Paris – Pelletant

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“Les Français personæ non gratæ à Paris” est le titre de ma nouvelle chronique publiée sur le site du Huffington post à l’adresse suivante http://www.huffingtonpost.fr/francois-pelletant/les-francais-person-non-gratae-a-paris_b_9793220.html

Pendant que le tout Paris était en extase devant le Ziiiiiip des formules électriques, un autre rassemblement automobile se déroulait à l’Autodrome de Linas-Monthéry, le “Youngtimers Festival” qui réunissait les véhicules à moteurs fossiles des années 80, bientôt interdits dans la capitale.

A Paris, on se congratulait entre soi, à Linas les grognements des “franchouillards” couvraient ceux de leurs moteurs, exprimant bruyamment cette détestation d’une capitale qui se ferme de plus en plus au reste de la nation.

Pourtant, un Grand Prix dans Paris aurait pu être une belle fête de concorde nationale. Le premier à l’avoir souhaité était Jacques Chirac, mais la formule d’Anne Hidalgo avait quelque chose d’aseptisé incapable de réunir le “populo”.

 L’ouverture de Paris au Grand Prix

Il faut réfléchir longtemps pour comprendre la volonté politique qui sous-tend l’ouverture à Paris de ce Grand Prix.

Etait-ce pour injecter une peu de testostérone dans l’image de la municipalité parisienne? Pour bousculer les bourgeois du VIIe arrondissement? Ou était-ce pour faire un doigt d’honneur aux écolos parisiens qui ont vu, sous leurs fenêtres, défiler les semi-remorques de goudron dans un sens puis ceux du fraisat dans l’autre?

Ce coup de com autour de la voiture électrique ne pourra pas masquer cette autre novation qui prendra effet dans quelques semaines, celle d’exclure de Paris les voitures d’avant 1997.

A partir du 1er juillet, plus aucune voiture qui ne soit pas de la génération Delanoë-Hidalgo ne pourra entrer dans la capitale. Alors que cette élimination se serait faite naturellement; du jour au lendemain on ne verra plus sur les pavés parisiens les 4 L, DS, 205, Renault Espaces et autres fleurons de l’industrie automobile française. Pas étonnant que les Français aient le sentiment qu’on leur arrache le coeur, la “bagnole” fait partie de leur famille.

Paris a honte de sa France. Le Paris d’aujourd’hui n’est plus celui dans lequel chaque région française, chaque Français pouvait se reconnaître. Paris ne doit être rien d’autre que celui des Vélib’ et son histoire a commencé en 2001.

Ce bannissement sournois des extra-muros et l’effacement de tout ce qui peut faire le Paris d’avant Delanoë vient renforcer ce sentiment déjà trop largement partagé dans l’hexagone: “Paris n’est plus la capitale des Français”. Ni des Français d’avant, ni des Français d’aujourd’hui, ni des Français qui ne peuvent se payer des voitures neuves, ni des Français qui roulent à moto, ni des Français en 4 X 4, et plus généralement ni des Français qui ne sont pas parisiens.

Paris aux Parisiens ?

Lorsque que l’on analyse 15 ans de politiques publiques à Paris, on distingue assez bien que le dénominateur commun se résume en une formule simple: “Paris aux Parisiens”.

Tout a commencé par les réaménagements des voiries qui faisaient la part belle aux vélos des locaux et embouchonnaient les bagnoles des autres. Puis les lignes de RER se sont dégradées sans que personne de la région, du STIF ou d’ailleurs ne frappe du poing ou lève le petit doigt. Aujourd’hui, il est plus simple de venir dans la capitale en liane et en pirogue. Jusqu’à présent on a évité le péage dans Paris mais on ne coupera pas à l’interdiction des voitures des pauvres.

Durant toutes ces années, on ne s’est jamais demandé comment faire pour faciliter les allées et venues des franciliens et des Francais dans leur capitale. A chaque fois, l’objectif était d’améliorer la vie des autochtones, sous couvert de lutte contre le réchauffement climatique et à nouveau aujourd’hui, la municipalité parisienne argue de la lutte contre la pollution pour exclure un partie significative du parc des automobiles des Français.

Après cela, qu’est-ce qui empêcherait que l’on détruise tous les bâtiments pré-Delanoëiens au motif qu’ils sont trop énergivores. Il ne s’agit pas là d’une argumentation par l’absurde; il y a déjà un peu de cela avec la Canopée des Halles et le réhabillage à venir de la tour Montparnasse.

La France et sa capitale

La seule ville de France où on pourrait concevoir que les pouvoirs de la municipalité soient encadrés, c’est Paris. A vrai dire la ville est aussi le centre névralgique de tout le pays. En réalité on constate tout le contraire; ce sont 35.999 autres Maires de France qui sont écrasés sous une dépendance et une tutelle de plus en plus prégnantes de l’Etat. La création de la Métropole parisienne n’a pas encore modifié le rapport de force entre Paris et la banlieue. Mais l’égocentrisme parisien continue à faire ses ravages.

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