C’est une histoire de Clochemaires pas comme les autres… Le duc d’Uzès dans le Gard accuse la mairie éponyme de vol d’oeuvres d’art. En cause : des tableaux lui appartenant et exposés à la mairie sans son consentement. Le Tribunal devra trancher dans cette affaire clochemairesque…
Le torchon brûle entre le duc d’Uzès et la ville du même nom. Jacques de Crussol, héritier d’une des plus vieilles familles de la noblesse française, a assigné hier matin la ville d’Uzès et son Maire devant le Tribunal de Grande Instance de Nîmes. Il demande la restitution de tableaux et objets culturels que la commune « aurait dérobés » à sa famille durant la Seconde Guerre mondiale.
Une action en « revendication des œuvres d’art » était examinée hier matin au palais de justice.
La petite cité gardoise d’Uzès et ses élus de l’époque auraient profité, selon l’avocat du duc, « des heures sombres de la Seconde Guerre mondiale » pour s’accaparer une partie du patrimoine culturel de la famille de Crussol. Un tableau représentant une aïeule du duc, 2 pastels et une collection d’armes rapportée d’une expédition au Congo au XIXe siècle auraient été volés. « Des toiles sentimentales » selon le duc, absent hier des débats. Il veut retrouver « son patrimoine culturel » afin de l’exposer dans son magnifique duché.
Les tableaux réclamés font partie du domaine public
« On réclame à la commune d’Uzès des armes et des tableaux qui sont exposés et présentés au public depuis soixante-dix ans! Des membres de la famille du duc ont célébré des noces dans la salle des mariages de l’hôtel de ville, où était accroché pendant des décennies le fameux tableau, principal objet du litige, qui représente une ancêtre du duc, affirme Me Guy Laïck, conseil de la ville. Jamais personne de la famille de Crussol n’a réclamé un seul objet. Et d’un seul coup, en 2007, le duc actuel s’est rendu compte, comme par miracle, que le tableau lui appartenait », s’étonne l’avocat. Pour comprendre le litige, il faut se replonger dans l’histoire. En 1938, les ancêtres du duc d’Uzès, confrontés à de graves problèmes financiers, auraient délaissé leur duché jusqu’au début des années 1950. Le palais ducal a fait l’objet de plusieurs occupations. Il a notamment servi d’annexe au musée d’Uzès.
« Lorsque la famille Crussol a repris possession de ses biens, après les années troubles, une partie de son patrimoine avait migré vers la commune, estime Me Olivier Goujon, avocat du duc. Le propriétaire a été dépossédé illégalement, affirme-t-il. La preuve, la mairie d’Uzès est incapable de fournir une délibération du conseil municipal prouvant qu’il y a eu un don de la part de la famille du duc. »
En plus du problème de propriété, un souci administratif et non des moindres, a été évoqué à la barre. Depuis 2003, les tableaux réclamés sont inscrits à l’Inventaire national. « Ils sont donc imprescriptibles et inaliénables et font partie du domaine public », conclut l’avocat de la commune.
Le duc d’Uzès devra patienter jusqu’au 2 juillet, date du délibéré, pour savoir s’il peut exposer dans son duché le portrait de son arrière-grand-mère.
Le Parisien
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