2015 : année Zéro de la fin des communes – Pelletant

the-huffington-post-150x84@2x“2015 : année Zéro de la fin des communes” est l’intitulé de ma chronique du jour publiée sur le site du Huffington Post – découvrez là à l’adresse suivante : http://www.huffingtonpost.fr/francois-pelletant/2015-annee-zero-de-la-fin-des-communes_b_8509642.html

Le Président: “…les collectivités doivent faire un effort…”

Le journaliste: Oui mais les collectivités, elles n’ont plus d’argent pour investir…

Le Président: ” que ces collectivités fassent un travail d’économie…dans les collectivités il y a des économies à faire et notamment dans le fonctionnement avec un certain nombre de dépenses qui peuvent être revues… Et et et c’est trop facile ….”

Cette stigmatisation des collectivités locales, dans la bouche même du Chef de l’Etat, interviewé le 19 octobre 2015 sur RTL, ne fut relevée par personne. Personne n’est entré dans cette polémique, las de cette petite musique que nous assènent les pouvoirs publics depuis plusieurs années: les maires sont de mauvais gestionnaires, responsables du gâchis colossal de l’argent public en France.

Quand on veut étrangler les communes, on dit qu’elles sont mal gérées. C’est donc la stratégie, vieille comme le monde, que nos technocrates ont élaborée pour réussir ce dont ils rêvent depuis des décennies: neutraliser les communes, réduire à la portion congrue la libre administration des collectivités locales et faire main basse sur les finances saines, jamais déficitaires, des mairies de France.

La Fontaine n’aurait pas eu besoin d’écrire de fable sur le sujet, celle de la cigale dépensière et de la fourmi prévoyante s’y serait prêtée à merveille. Avec comme réalité que la cigale est bien plus grosse et forte que la fourmi et qu’à la fin de l’histoire, c’est à la cigale qu’il revient d’imposer naturellement sa loi.

Depuis les tentatives de fusions des communes dans les années soixante, jusqu’à cette année 2015 qui aura vu aboutir la loi NOTRe et la réduction drastique des dotations, les lois successives sur l’intercommunalité, la décentralisation, et les réformes en tous genres n’auront eu que ce but ultime, exciser cette abomination française: les 36.000 communes.

Trop nombreuses et trop aimées des Français, voilà leur crime.

Les collectivités ont pu résister tant bien que mal à ces agressions successives. Elles se sont adaptées lorsque cela était possible, elles ont réagi lorsque cela devenait insupportable.

Mais aujourd’hui, la nécessité financière pressante fait loi. Il n’est plus question uniquement de réduire le nombre de communes en France mais de capter leurs finances saines pour éponger les âneries commises par l’Etat depuis 30 ans.

Comme diraient nos dirigeants actuels qui sont spécialistes du sujet: il faut faire des économies sur le fonctionnement. Concrètement, cela veut donc dire: licencier des fonctionnaires, réduire le soutien scolaire et les accompagnements pédagogiques dans les écoles, ne chauffer les classes que du 1er décembre au 31 janvier, servir des repas froids à la cantine, laisser les routes avec leurs nids de poules, supprimer les subventions aux associations inutiles, limiter les aides sociales à certaines personnes (lesquelles?), laisser se dégrader le patrimoine, les églises et les bâtiments publics, laisser les herbes folles envahir les cimetières, les trottoirs et les chaussées, supprimer les décorations de Noël et le fleurissement symboles de la mégalomanie des maires, ramasser les ordures ménagères une fois tous les mois, supprimer les stations d’épuration et instituer des WC secs dans chaque foyer, faire payer les permis de construire, les actes d’état civil, les mariages, les permanences avec les élus,… vendre les Hôtels de Ville, les places du village qui ne serviront plus à rien…, supprimer les fêtes, les feux d’artifice… Et pour le bal du 14 juillet, chaque Français est invité à Paris, mais à pied, sans sa voiture.

Finalement ce n’est pas aux communes que l’on va imposer des efforts mais à ceux qui sont les derniers maillons de la chaîne…vous!

Pour ne pas que l’opinion ne réagisse, on développe l’idée que c’est pour le bien du pays que de couper les bourses à ses mairies trop riches, ou trop économes, ou trop bien gérées et qui en plus, ne veulent pas construire de logements sociaux.

La critique provenant de ceux qui ont mis la Nation au fond du trou a de quoi faire rire. Aucun maire n’a voté un budget en déficit, il n’en a pas la possibilité technique, aucun maire n’a multiplié les impôts de façon déraisonnable, ses taux sont encadrés, aucun maire n’a asphyxié l’économie, au contraire le développement est venu principalement des territoires, aucun maire n’est responsable de la crise,

La machine à broyer les communes est donc en marche, et vous n’avez rien vu. 2016, 2017 seront comme 2015, en pire. La situation est suffisamment inquiétante pour que le Président du Sénat, écrive aux 36.000 Maires de France le 29 octobre en ces termes: “Or, après deux années très éprouvantes pour les collectivités, le Projet de Loi de Finances pour 2016 (PLF 2016) comprend à nouveau deux dispositions cruciales: la première portant sur les dotations versées par l’État aux collectivités et la seconde concernant la réforme de la DGF… Le PLF 2016 prévoit, une nouvelle fois, une diminution substantielle (3,5 Milliards d’euros au total) des dotations versées par l’État aux collectivités… Dans le même temps, le Gouvernement vient d’insérer, dans le PLF 2016, un article portant réforme de la part communale et intercommunale de la dotation globale de fonctionnement. Cette réforme s’effectue à coût constant et va conduire à accentuer la baisse des dotations pour de nombreuses communes contributrices“.

La mise en application de la reforme de la DGF a été reportée à 2017, mais elle sera bien votée dans le calendrier prévue et s’appliquera inéluctablement.


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