Les Maires et l’apprenti guerrier – Pelletant

the-huffington-post-150x84@2x“Les Maires et l’apprenti guerrier” est le titre de ma chronique publiée dans The Huffington Post – à découvrir à l’adresse suivante : http://www.huffingtonpost.fr/francois-pelletant/les-maires-et-lapprenti-guerrier_b_8598900.html

Le président de la République et son gouvernement qui, il y a 10 jours, siphonnaient les caisses des communes, sont venus ce mercredi 18 novembre faire ami-ami avec les Maires de France, prônant l’union sacrée afin de légitimer une guerre en Syrie dont beaucoup ne saisissent pas le but désintéressé.

La guerre, certains Maires la voient venir depuis des années… et elle ne vient pas de là-bas.

Le lendemain des attentats du 13 novembre, le 14 novembre au soir, un incendie criminel s’est déclaré dans la mairie de Villejuif. La commune de la banlieue sud, est déjà connue pour ses cités, son insécurité, ses forces de l’ordre débordées. Mais elle est surtout déjà marquée en 2015 par le terrorisme.

Bien sûr, moins on eut parlé de cette affaire dans les jours qui ont suivi, mieux ce fut pour éviter tout mimétisme ; mais à présent, nous sommes en droit de réfléchir à la destruction par les flammes d’une des mairies de France, notamment située en région parisienne où nous sommes 1 200 maires à défendre et représenter la République. D’autant que, pour des raisons personnelles, je connais bien cette ville dont M. Franck Le Bohellec. Il a été élu maire depuis l’année dernière, à la suite de Mme Claudine Cordillot.

La rigueur intellectuelle ordonne de ne pas faire d’amalgame entre les meurtriers du Bataclan et les incendiaires de Villejuif. Comme l’ont claironné, dans les jours qui ont suivi, les services de l’Etat de ce département du Val-de-Marne. Mais quand même !! La coïncidence s’impose à nous.

Faut-il continuer d’ignorer la gravité dans laquelle se trouvent certaines zones de non-droit en banlieue parisienne, alors que l’on appelle tout ce que la France compte de “bleu marine” à se mobiliser pour traquer et démanteler les nids du terrorisme.

Paris brûle intra-muros mais les allumettes sont extra-muros, comme l’ont montré les perquisitions post-13- novembre et l’assaut de l’appartement de Saint-Denis.

Villejuif au sud, Saint-Denis au nord, et d’autres, sont les vrais berceaux du terrorisme. Aussi, avant d’aller jouer les apprentis guerriers en Syrie “pour défendre les valeurs de la France”, nos dirigeants seraient plus avisés de regarder comment ces valeurs sont défendues dans ces parties de notre territoire national par nos pouvoirs publics.

Ici, on est de l’autre côté du miroir de la France normale, le noir est blanc et le blanc est noir. Un peu comme pour les négatifs des photographies d’avant le numérique, les valeurs sont inversées. Ici on ne sait plus où est le bien et où est le mal.

Ici, quand on veut faire le bien, c’est mal, ou au mieux anormal. Bien se conduire c’est douteux. Le dévouement, le philanthropisme c’est louche. Le bénévolat c’est soupçonnable. L’activité associative est forcement intéressée et frauduleuse.

Nos institutions sont entraînées dans ce délire. Ce qui serait louable partout ailleurs en France, ici est suspecté, investigué, sanctionné. Ici on s’attaque aux cibles faciles et on coexiste avec les pires. On se désengage. La drogue est en vente quasi-libre, la fraude aux allocations est considérée comme un mal nécessaire, le paiement des factures et des loyers est une option facultative. De ce fait, les lascars sont chez eux et les futurs terroristes aussi.

Ici, les bons citoyens ne portent plus plainte, “ça ne sert à rien”. Nous avons l’exemple d’une plainte déposée début 2014 pour violence contre des élus qui, depuis, s’est perdue dans les oubliettes judiciaires. Idem pour la fusillade d’Orly au cours de laquelle l’un de mes administrés a perdu la vie et qui depuis 2012 n’est toujours pas élucidée. Pendant ce temps des affaires plus faciles aux enjeux plus légers accaparent les services d’enquêtes, peut être pour faire du chiffre ou autres considérations inavouables.

Quelles priorités? Quelle logique? Ici les honnêtes gens sont considérés comme les méchants, alors que partout en France on a compris qui était notre véritable ennemi. Ici, on consacre des mois d’enquêtes à traquer des “mamies loto” ou des “Monsieur Tout le Monde”, lorsque le reste du pays veut se mobiliser contre le terrorisme.

Il y a quelques semaines, des policiers qualifiés de “ripoux” ont été arrêtés à Stains (93). En fait, ils avaient juste bidouillé leurs enquêtes en supprimant des preuves ou en avaient même créé de toutes pièces. Ce qui était le plus stupéfiant c’est qu’ils avaient perdu totalement la notion de la ligne jaune entre le bien et le mal. Ils étaient persuadés qu’ils étaient dans le vrai, même après leur incarcération. Ne parlons pas de la BAC nord de Marseille, ou du commissaire Neyret.

Bien sur, ces cas extrêmes finissent tôt ou tard à être stoppés. Mais l’ambiance générale reste la même. C’est précisément ce qu’il faut combattre pour étouffer ces incubateurs à terroristes que sont nos banlieues sensibles.

La réussite des forces de police et de leurs centaines de perquisitions administratives en 96 heures, montrent que l’on savait où il fallait chercher pour désarmer les fanatiques. Alors à quoi se sont consacrées nos forces de l’ordre, entre le 11 janvier et le 13 novembre 2015, à Saint-Denis, à Villejuif et partout où Daech devance la République ? Parions que cette question va devenir prégnante.

Il faut que nos policiers, héros du moment le restent. Il faut changer définitivement les pratiques judiciaires dans les zones de non-droit. Nous devons également  remettre en place une police concentrée sur sa mission; qui s’attaque aux vrais problèmes sur la base d’une échelle de valeurs conformes au reste de la société.

Le Président Hollande promet des effectifs supplémentaires dans la police, la gendarmerie et la justice, mais “où ?” et “pour quoi faire”? Il veut renforcer l’espionnage d’Etat, dans quel but ? S’il s’agit de trouver plus de cibles faciles… Comme de traquer le Maire de Tours et ses mariages chinois. Où alors interpeller des syndicalistes au petit matin. Où encore géolocaliser les anciens Présidents de la République suspectés de trafic de drogue. Nous risquons de voir, dans quelques mois, un rétropédalage qui nous rappellera l’avant “Bataclan”. Souhaitons que cela ne se produise pas, dans l’intérêt de la France de son image et de ses valeurs justement.

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