Pelletant – Le partage à but lucratif

the-huffington-post-150x84@2x“Le partage à but lucratif” tel est le thème abordé dans ma chronique du jour publiée sur le site Internet du Huffington Post – à découvrir dans son intégralité à l’adresse suivante : http://www.huffingtonpost.fr/francois-pelletant/airbnb-paris-economie-collaborative_b_9207356.html

C’est donc sur les Mairies que cela va encore retomber ?

Pour faire bonne figure, face au développement incontrôlé de la nouvelle économie hôtelière d’Airbnb, Housetrip ou encore d’Homelidays, ces plateformes d’échange ou de mise à disposition de biens immobiliers le temps d’un séjour (généralement avec une contrepartie financière). Les pouvoirs publics envisagent des mesures “d’encadrement” en confiant aux communes la mission d’enregistrer les logements mis en location sur Internet. Après l’Etat, se seraient donc les Maires et leurs administrations qui devraient se rendre complices de cette économie soi-disant “du partage” qui consiste à permettre à des particuliers de s’improviser hôteliers, en louant leurs logements (pour un quart des membres cette activité constitue leur emploi), parfois leurs HLM, pour le plus grand profit de sociétés fiscalisées Offshore. Rien qu’en France on estime les gains pour les loueurs d’Airbnb à 500 millions d’euros sur un an.

Car voilà où est le scandale de cette économie qui se veut collaborative ; elle n’est plus désintéressée. Elle le serait si Airbnb, Uber, BlaBlaCar, étaient sans but lucratif, sous forme associative. Là nous pourrions parler de social, de solidarité mais nous pouvons toujours rêver.

Et ce n’est pas de la France que viendra la contestation de ce modèle qui s’impose à tous dans le monde. Ici même, on décourage les initiatives associatives lorsqu’elles ont la mauvaise idée de s’intéresser aux nouvelles formes d’économie. Ceux qui rêvent d’un monde désintéressé où l’économie collaborative, sociale et solidaire serait sans but lucratif, sont traités comme des hors-la-loi, des escrocs. Le pays des libertés considère, à l’instar d’un monde qui a perdu ses illusions, que tout est profit et que tout ce qui est profit est chasse gardée.

Ceci se déroule sous nos yeux, avec la complicité de l’Etat et de toutes ses institutions. Dans cette affaire, une fois de plus, le flowerpower cache en réalité des mégadollars produits en duty free sur le sol français, première destination touristique. Les loueurs, comme les conducteurs de VTC, eux ne sont que la forêt qui cache l’arbre aux feuilles d’or et c’est bien pour cela que c’est sur eux que l’on va taper.

En politique ne rien faire est un art que semblent maitriser à merveille nos dirigeants actuels. S’attaquer aux loueurs de leur habitation, souvent impécunieux, aura son petit effet : “on s’en occupe”. Mais en réalité on protège la pieuvre et on la laisse se développer jusqu’au jour où on nous dira que l’on ne peut plus faire autrement.

Les communes auraient donc pour rôle d’enregistrer et de contrôler les “vilains” ; mais là encore ce n’est pas gagné car la Mairie de Paris, certainement la plus concernée par ce tourisme parallèle, ne partage pas du tout le délire gouvernemental. On considère à l’Hôtel-de-Ville parisien que cette économie libérale est bonne. Bonne pour les Parisiens qui louent leurs logements, bonne pour Paris qui accueille plus de touristes sans considérer qu’elle est surtout super bonne pour ceux qui en touchent les dividendes.

Qui a pensé à créer un Airbnb alternatif pour contrer ce phénomène ? La France n’est-elle pas assez touristique pour se le permettre ? La Chine a bien créé Alibaba pour s’affranchir des plates-formes américaines de vente.

Ainsi au lieu de se lamenter dans son coin que l’économie change et l’Etat, au lieu d’essayer d’enrayer ce changement en pondant des taxes à l’allure que les poules pondent des œufs, devrait peut-être aider, soutenir, les acteurs qui insufflent un état d’esprit nouveau dans l’économie telles que les structures associatives à but non lucratif qui profitent notamment à des individus en besoin d’insertion sociale. Les acteurs associatifs ne demandent que ça, l’Etat doit se ressaisir et en prendre conscience très vite.

Etre acteur et force de proposition dans le nouveau champ économique mondial, avec une approche aux antipodes des erreurs du passé, voilà la véritable solution, prônée d’ailleurs par les élus locaux, les acteurs associatifs et les petits commerçants/artisans.

Collaboration ? Partage ? Oui mais d’abord avec ceux qui travaillent pour le bien commun, avant leur intérêt personnel.

François Pelletant

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