Sécurité : Sécurisons la banlieue sud avant qu’il ne soit trop tard

the-huffington-post-150x84@2xSécurité : ma chronique intitulée “Sécurisons la banlieue sud avant qu’il ne soit trop tard” vient d’être publiée sur le site Internet d’information The Huffington Post : voici le lien http://www.huffingtonpost.fr/francois-pelletant/securisons-la-banlieue-sud-en-ile-de-france_b_7533072.html

 

Au lendemain de l’assassinat au couteau d’un jeune dealeur de 20 ans en pleine rue à Villejuif, le Maire de cette ville de banlieue était interrogé par le Parisien. Voici ce que retranscrit le journal: “La ville est impuissante devant le trafic de drogue, explique le premier magistrat de la ville. C’est le travail de la police; la ville ne peut être que demandeuse auprès des instances de l’État.”

Ne pensez pas que Monsieur le maire de Villejuif soit désespéré. Désespéré non, mais désemparé oui. Désemparé à être le premier magistrat d’une ville de non-droit.

C’est aussi un Maire qui refuse le fatalisme de beaucoup, notamment des pouvoirs publics, qui semblent avoir choisi d’abandonner ces villes, Villejuif, Vitry-sur-Seine, le Kremlin-Bicêtre, à leur lourd passé de “banlieue sud” (plaque tournante du grand banditisme dans les années 70).

Sans remonter si loin, nous avons tous en mémoire l’attentat déjoué qui visait une, voire deux églises de Villejuif, il y a un mois. Ce n’est pas la vidéo-protection, le renseignement de proximité ou l’efficacité policière qui ont permis d’éviter le pire, mais fort heureusement la balle que le terroriste amateur s’est tirée dans le pied.

Cette ville accueille une des plus importantes églises Copte de France, à un moment où toute la planète se mobilisait au sujet de l’oppression des chrétiens d’Orient, une agression contre cette communauté était à redouter. Qu’a-t-on fait pour prévenir cela? Comme disent nos concitoyens devant leur “noisette” du matin: “Mais que fait la police pendant ce temps?”

Quand le maire pointe du doigt le travail de la police, on a tous en tête les problèmes généralisés de manque de moyens. Voilà une explication simple qui a le mérite de rassurer tout le monde, mais elle n’explique pas tout; il n’y a pas qu’ici que les effectifs sont tendus, les locaux vétustes et le matériel usé. D’autres secteurs de l’Île-de-France ont réussi à lutter contre ces zones de non-droit où les malfrats sont chez eux. On voit souvent le centre de gravité dans le nord de la Petite Couronne, mais le Sud est tout aussi inquiétant. Il serait fort utile que le ministère de l’Intérieur viennent auditer la situation.

Que soit posée la question des priorités dans l’action de la police, la complémentarité des équipes majoritairement constituées de jeunes policiers surinvestis, les relations entre les fonctionnaires et la population locale dont ils sont rarement issus, l’emploi du temps des uns lorsque les autres sont débordés, la motivation et les motivations, le soutien aux associations qui tentent d’animer une vie culturelle et sociale.

La circonscription policière dont dépend Villejuif est celle du Kremlin-Bicêtre. Elle englobe cinq communes (Villejuif, Arcueil, Cachan, Gentilly et Le Kremlin-Bicêtre), elle compte 150.000 habitants. Il s’agit du nombre d’habitants par commissariat le plus important du Val-de-Marne. Il est de 33% supérieur à celui du second plus important commissariat du Val-de-Marne, L’Haÿ-les-Roses, et représente le double voire le triple de ceux d’Ivry-sur-Seine, Charenton-le-Pont ou Vincennes.

Le nombre de fonctionnaires de police par habitant est inférieur à la moyenne du Val-de-Marne au sein de cette circonscription policière, à savoir 1 policier pour 624 habitants contre 1 pour 413 en moyenne. Pour atteindre la moyenne départementale, le commissariat du Kremlin-Bicêtre devrait être pourvu de 355 policiers au lieu de 238, soit 117 supplémentaires.

Les forces sont donc comptées, et l’on peut légitimement se poser la question de leur emploi. A quoi doivent passer leur temps nos policiers quand, à 100 m, rodent sans être inquiétés des assassins ou des terroristes?

A ne pas se poser les bonnes questions, on laisse se développer un axe du mal dans la banlieue sud déjà stigmatisée par le passé.

Fort heureusement le destin a fait en sorte que nous n’ayons pas besoin de clamer “Je suis Villejuif”, mais la chance ne nous sourira pas toujours.

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